L'utilisation des microcapsules en médecine

Dans notre TPE, nous nous intéresserons à l'utilisation des microcapsules en médecine.

Dans le domaine de la santé, on utilise les microcapsules afin de réaliser un dépôt d'une quantité de médicament qui se libérera lentement dans l'organisme à un endroit précis. Celles-ci peuvent être injectées en intra-musculaire, sous la peau, ou dans des organes comme le cerveau, le foie ou encore l'espace intrathécal (espace autour du cerveau et de la moelle épinière). La libération du principe actif peut durer plus de six mois.

Dans le cadre du traitement du cancer, certaines chimiothérapies sont utilisées sous formes de microcapsules. Pour notre TPE, nous avons rencontré Charlotte Vassaux, docteur en pharmacie, afin d'en savoir un peu plus sur ce type de traitement. En effet, en 2011, elle a participé à une étude sur la toxicité de la chimiothérapie chez des patients atteints d'un carcinome hépatocellulaire (cancer du foie) avec comme maître de stage Mathieu Boulin, assistant hospitalo-universitaire, attaché au service pharmacie du CHU de Dijon, et comme responsable de stage Philippe Fagnoni, maître de conférences et praticien attaché au service pharmacie du CHU de Dijon. Elle explique : "Les microcapsules peuvent être utilisées en chimioembolisation (traitement contre le cancer directement au niveau de la tumeur du foie). Après une piqûre (ou "ponction") faite au niveau d'une artère (le plus souvent l'artère fémorale) au pli de l'aine, on introduit dans les vaisseaux un cathéter (tube que l'on insère dans un vaisseau ou une cavité du corps, permettant d'injecter ou de retirer un liquide dans l'organisme). Le cathéter est ensuite dirigé dans les vaisseaux par le médecin-opérateur, sous contrôle radiologique, à l'aide d'un écran de télévision.

 

Photo présentant une salle d'opération lors d'une chimioembolisation :

 

Schémas du trajet d'un cathéter lors d'une chimioembolisation au niveau du foie :

Schéma 1

 

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Schéma 2

Ce cathéter sert à injecter la chimiothérapie, dont les molécules (Doxorubicine ou Idarubicine) sont contenues dans des petites billes ou dans un liquide huileux, formant ainsi une émulsion homogène, directement dans le ou les vaisseaux qui nourissent la tumeur à traiter. Les microcapsules ont alors une double action : elles provoquent la nécrose de la tumeur par oblitération de ces capillaires nourriciers (c'est à dire que celles-ci vont venir boucher les capillaires nourriciers), et elles traitent la tumeur sur place en y libérant lentement l'agent anticancéreux. L'intérêt de cette technique est de diminuer la toxicité de la chimiothérapie sur les autres organes. Par la suite, un scanner sera refait au patient afin d'observer l'état de la tumeur, voir si cela a régressé ou non. En fonction des résultats, on fera peut-être une deuxième chimioembolisation, voire une troisième."

Elle rajoute : "Cependant, l'usage des microcapsules ne se limite pas aux maladies graves. En effet, cela peut aller des problèmes digestifs jusqu'au cancer, c'est extrêmement vaste. Il existe par exemple des principes actifs qui sont dégradés par l'acidité de l'estomac. On fabrique alors une capsule pour que celui-ci soit protégé au niveau de l'estomac et qu'il arrive au niveau des intestins. Ces médicaments sont gastro-résistants, c'est à dire qu'ils résistent à l'acidité de l'estomac pour être absorbés au niveau intestinal et agir sur les sécrétions de l'estomac.

Les microcapsules sont assez fréquemment utilisées en pharmacie, pour tout ce qui est voie orale en tout cas. En ce qui concerne la voie veineuse, c'est plus ou moins expérimental."

 

Intérêts des microcapsules

Si les microcapsules suscitent autant d'intérêt, notamment en médecine, c'est parce qu'elles possèdent des vertus non négligeables et innovantes dans certains cas. En effet, celles-ci :

 

  • protègent le principe actif qu'elles contiennent, en particulier des variations de température ou d'un pH très acide. C'est un véritable plus pour la médecine, car cela permet d'utiliser des principes actifs parfois efficaces mais trop sensibles pour être utilisés sans protection.

     

  • masquent le goût désagréable des principes actifs

     

  • permettent un contrôle de la libération du principe actif bien plus précis que n'importe quelle autre manière d'administrer un médicament

     

  • possèdent une forme "LP" (libération prolongée), ce qui permet une action plus longue et également une diminution de la prise de médicament pour le patient. La forme LP apporte plus de confort.

     

  • réduisent le risque de contamination du fait de l'enveloppe rigide et sèche qui les compose

     

  • diminuent la toxicité du fait de l'action ciblée pour la chimioembolisation

 

Faiblesses et limites des microcapsules

La vraie faiblesse des microcapsules est leur complexité de fabrication. "Elles sont bien plus compliquées à réaliser qu'un médicament en comprimé classique où l'on va prendre de la poudre et l'agglomérer. C'est une description très synthétique d'un comprimé. Le coût de fabrication est également une vraie faiblesse pour les microcapsules. Le coût en amont, au niveau des études expérimentales, etc, l'est également." nous explique Mlle Vassaux.